mardi 29 septembre 2009

En attendant la seconde étape...


Puisqu'il faut bien commencer, voici ce que m'inspire cette première étape.

J'ai eu le bonheur de participer à la Mini en 2003 sur un Pogo2 et en 2007 sur un proto, et je conçois assez bien que Francisco ait pu tenir la dragée haute aux seconds dans le vent fort au portant. Pour plusieurs raisons. D'abord parce que le Pogo 2 est un bateau extrêmement rapide au portant, et très sain et stable de route, pour peu que l'on ait les spis qui permettent de garder de la toile (à savoir qui permettent de lever un peu le nez pour compenser la carène très tendue). Ensuite parce que le Pogo2 est un bateau très fiable, et que quelques fusibles, butées etc... judicieusement placés permettent assez facilement de préserver le bout-dehors, et qu'à part ça, peu de choses inspirent de l'inquiétude lorsque l'on navigue - Petite parenthèse, un bout-dehors en carbone sur les bateaux de série serait techniquement assez pertinent, et économiquement totalement neutre - Donc il ne semble pas illogique que Francisco, avec le talent et l'expérience qui sont les siens, soit parvenu à attaquer suffisamment pour suivre les protos. Eux de leur côté ont pas mal réduit la toile, car d'après leurs récits la mer était très dure. Or pour ce que j'ai vécu sur mon proto (plan Magnen de 2001), on réduit la toile non pas parce que l'on ne tient plus le bateau, mais parce que les vitesses atteintes, et les risques qui en découlent dans une mer formée deviennent trop importants; enfin moi je réduisais la toile pour ça. C'est donc très différent du Pogo 2 où assez rapidement on plafonne à des vitesses inférieures à 15 noeuds, avec quelques surfs endiablés, alors que le proto va régulièrement s'envoler au-delà de 17 noeuds, avec quelques impacts spectaculaires dans le creux des vagues. Le tout sur des bateaux beaucoup plus technologiques et fragiles.
Donc non, les skippers de protos ne sont pas des "p'tites bites", et non si on mettait Francisco sur le bateau de bertrand, il aurait pas forcément mis une demi-journée à tout le monde ! Il y a juste une façon de naviguer différente dans ces conditions. Je me souviens d'ailleurs des commentaires des skippers de série en 2007 qui se "vantaient" d'avoir plus attaqué dans l'Alizé très fort que nous avons rencontré pendant et après le passage des Canaries. Demandez aujourd'hui à Stéphane (Cultisol) comment le paramètre vitesse l'incite parfois à la prudence sur son proto.

En revanche, il est plus surprenant que Francisco ait tenu son rang lors des 2 derniers jours où le vent avait franchement molli. D'une part car le Pogo 2 n'aime pas beaucoup la molle, et d'autre part car les protos sont plus légers, plus toilés, et franchement plus rapides dans ces conditions... Il y a peut-être une explication à cela. C'est qu'après un coup de vent, s'il est raisonnable d'avoir réduit la toile en proto, il faut aussi savoir la renvoyer et ne pas naviguer sous-toilé trop longtemps. Et lorsque sous-toilé on tape régulièrement des pointes à 13-14 noeuds, on peut parfois tarder à renvoyer, alors qu'en envoyant la toile d'au-dessus on pourrait naviguer à 12 noeuds régulièrement avec des pointes à 15-16 noeuds, donc "safe". J'ai souvenir en 2007 d'avoir ainsi un peu tardé à renvoyer le grand spi après les Canaries où nous avions eu du portant fort, alors que sous medium de tête, les sensations de vitesse étaient déjà bien réelles, et d'avoir eu besoin du coup de pied au cul de quelques adversaires plus audacieux revenus dans mon tableau arrière pour renvoyer.

Alors les protos ont-ils tardé à renvoyer de la toile, un peu refroidis par les quelques jours qu'ils venaient de vivre (>270 milles en 24 heures pour Bertrand tout de même). Et puis il y a eu les trajectoires etc... etc... mais sans grosse erreur, en particulier de la part de Thomas Ruyant et Bertrand Delesne.

Néanmoins, les favoris sont encore bien là, la principale victime de cette première étape pour le général étant sans doute Rémi Aubrun, mais nul doute qu'il va nous faire un truc sur la seconde étape, en tout cas je le souhaite.

Bon au boulot, car dans 5 jours ça repart !!

David Sineau (ex France Fermetures 2003 - ex Bretagne Lapins 2007)

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