Transat 650
2011
Certains disent que
c'est la plus solitaire des transats, je dirais plutôt que c'est la plus
solidaire.
Pascal Chombart de
Lauwe sur Xanlite
Comment s’est passé cette transat ?
Rétrospectivement très bien, même si les conditions ont été
particulières. J’ai eu l’impression de faire une transat à l’envers. Je
m’attendais à trouver du vent fort dans le golf de Gascogne, ce fut la pétole ;
du portant suivit par des alizés à partir du Portugal, ce fut du près quasiment
jusqu’à Madère. Et ainsi de suite, même si il y a eu des beaux surfs du début
de la deuxième étape jusqu’au Cap Vert. L’arrivée au brésil après deux jours au
près part 25 nœuds sous la pluie complète ce tableau.
La vie à bord s'est bien déroulée, je dors et je mange très
bien en mer même lorsque le vent et les vagues s'acharnent contre nos si petits
bateaux comme ce fut le cas tout au long de cette traversée. Les contacts avec
les autres coureurs furent aussi d’excellents moments d’amitiés
La seule bonne surprise météo fut le passage du poteau noir
sans la pose habituelle, après il faut le dire une belle baston de 12h avec des
vents du sud entre 42 et 48 nœuds.
Quel bilan tires-tu de ton expérience sur le circuit mini ?
Sur ce dernier point mes expériences précédentes en mini
m’ont été très précieuses. Je
connaissais déjà bien mon bateau pour avoir effectué avec Xanlite près de 9000
miles dans des conditions parfois très
difficiles (notamment qualification en mer d’Irlande, 36h par 35 à 40 nœuds au
près, 5 fois le mat dans l’eau). Donc j'avais confiance dans la machine bien
préparée. La première étape correspondait à des distances parcourues lors de
différentes courses et qualification auxquelles j'avais participées, notamment
"les sables les Açores" en aout 2010. Par contre, la seconde étape
représentait une inconnue non pas sur le parcours déjà effectué en 2005 sur un
bateau accompagnateur de la même course, mais sur le fait de passer plus de 3
semaines seul au milieu de nul part. Toutes les courses effectuées durant mes
trois années sur le circuit mini en Nacira (plus quelques courses en pogo 2 les
années précédentes avec ma fille Marine) m’ont permis de découvrir ou
redécouvrir une passion qui ne m’avait jamais lâché depuis plus de 40 ans. L’ambiance
de cette classe est extraordinaire et le niveau des « ministes » m’a
obligé à faire des progrès rapidement si je voulais rester dans le jeu.
Comment analyses-tu ton choix d’avoir opté pour le Nacira ?
Lorsque Corentin Douguet m’a appelé pour me signaler qu’il lançait
la fabrication d’un nouveau mini, je lui ai demandé les plans. Ceux-ci m’ont immédiatement convaincu. Un bateau puissant
avec une portance supérieure aux autres séries, un plan de pont intelligent et
efficace, un aménagement cohérent, et surtout,… il est beau. Tous ces points se
sont révélés encore plus justes en mer. Mais le bateau est sensible, et il m’aura fallu un peu de temps pour dompter
la « bête ». A la fin de la transat, je commençais à le sentir et si
je devais refaire d’autres courses, je pense que j’obtiendrais de bon résultat.
Quelles sont les souvenirs impérissables avec ton bateau ?
Comme tous les ministes, des surfs délirants. Lors du retour
des Açores, je suis resté 8 heures à la barre avec 30 à 35 nœuds de vents
portant, sous deux ris et petit spi.
Des pointes à plus de 18 nœuds, l’impression que le bateau allait s’envoler.
Mais pas une seule fois le bateau a enfourné, c’était finalement très
rassurant. Aussi surprenant que cela puisse paraître, durant la transat, le
long du Portugal, au près par 15 à 20 nœuds de vent, ça tapait, ça mouillait,
mais j’ai enfin réussi à le faire avancer mieux que la plupart des autre séries
pendant plus de 24h. Je m’étais installé un petit coin douillet dans ma
bannette, je lisais un bon bouquin et la « bête » avançait bien. Et
bien d’autres encore, des couchers de soleil sous grand spi, et bien sur les
dauphins et les oiseaux qui m’ont toujours accompagnés. Je finirais par mon
dernier souvenir sur l’eau, mon arrivée à Salvador au petit matin. Un accueil
merveilleux, ma femme, ma fille Lucile, mes amis,..le Brésil. Eric Tabarly
disait que "le meilleur moment en mer, c'est l'arrivée au port". Donc
il faut repartir pour encore et encore retrouver ce plaisir….
Quels sont tes projets ?
Participer à d'autres transats évidemment..
-Une transquadra dans 3 ans pour rejoindre les Antilles sur
un JPK 10.10. Comme toutes les courses, la préparation nécessite au moins 2 ou
3 ans avec des épreuves qualificatives que j’envisage pour la plupart en
double, mais je souhaite encore courir en solo. Le mini m’a fait découvrir combien
j’aimais me retrouver seul au milieu de l’océan.
- Le mini va me manquer, mais à 54 ans ces petits monstres
de plaisirs ne sont pas tout à fait raisonnables. Pour garder contact avec la
classe mini, peut-être monter un équipage performant sur un bateau de course
rapide pour accompagner une prochaine transat 650 en envoyant par iridium des
photos et des films des concurrents au large.
Le mini, une folie nécessaire !
Pascal Chombart de
Lauwe
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